Savez-vous qui a inventé le moteur à combustion interne ?

Publié le : 26 octobre 20217 mins de lecture

La Toscane, région noble, a toujours été la patrie d’esprits illustres, à tel point que toute énumération serait vaine : il suffit de penser à Dante, Margherita Hack, Léonard, Michel-Ange, Masaccio, Caterina da Siena, pour n’en citer que quelques-uns. Oui, Eugenio Barsanti (1821-1864) est né en Toscane également, à Lucques pour être précis : un physicien et un mathématicien, peut-être un peu moins connu de la plupart des gens, mais qui, pour cette raison, ne compte pas moins parmi les plus importants penseurs scientifiques italiens.

Biographie et réalisations

Il est considéré à juste titre comme l’inventeur du moteur à combustion interne : voyons pourquoi. Né à Pietrasanta, la même ville où il fit ses premières études, il fréquenta l’institut des Pères Scolopi où, embrassant l’austère rigueur typique de l’époque, il forma sa première érudition, certainement pas indifférente aux vents du climat religieux auquel il était exposé. Ses qualités intellectuelles marquées apparaissent immédiatement, si rapidement que, dès l’âge de vingt ans, il est nommé professeur de philosophie, de physique et de mathématiques à l’institut Collegio San Michele de Volterra. Sur la vague logicoémotionnelle de l’expérience de Volta, dont le pistolet a tant bouleversé l’opinion scientifique en vigueur, il avait déjà en 1843 l’idée d’appliquer comme force motrice l’expansion du tonitruant mélange hydrogène-air explosé au moyen d’une étincelle électrique.

Naissances des idées et des inventions

Il était clair dans l’esprit d’Eugenio, dès les premières intuitions de nature purement déductive, l’équivalence entre l’énergie thermique et l’énergie mécanique : une transposition en acuité du principe de Mayer (principe de conservation de l’énergie), l’une des pierres angulaires fondamentales de la thermodynamique. Le Père Barsanti, parce qu’il avait voulu porter la soutane, avait essayé de créer un dispositif visant à réguler la violence explosive : non seulement, dans ce contexte, en essayant d’évaluer les effets qu’une éventuelle soustraction contrôlée de la chaleur aurait sur le processus. Le problème n’était pas seulement de nature physico-chimique, mais aussi et surtout de nature mécanique, puisqu’il s’agissait de concevoir un mécanisme capable de renouveler l’introduction et l’allumage du mélange tonitruant, ainsi que de libérer le piston dans la course d’aller afin de le laisser libre de se pousser vers le haut sous l’effet de l’explosion, et de le reconnecter cinématiquement avec promptitude et stabilité à l’axe du moteur dans la course de retour.

Premier brevet de « moteur à combustion interne ».

Nous savons par les chroniques que, en 1856, un moteur Barsanti fonctionnait dans les ateliers ferroviaires Maria Antonia de Florence, efficace pour actionner une cisaille et une perceuse, premier exemple d’une application concrète du moteur à combustion interne à la gestion des machines-outils. Encouragé par les résultats obtenus, et motivé par un désir précis d’amélioration, Eugenio s’associe à un mécanicien expert et compétent de l’époque : G.B. Babacci. Il a suggéré quelques modifications intéressantes, qui ont conduit à un second brevet : l’utilisation de deux pistons opposés avec une chambre de combustion intermédiaire était envisagée. L’idée de deux cylindres opposés est ensuite reprise par H. Junkers, une solution qui connaîtra d’innombrables applications, aujourd’hui encore. L’une des plus grandes préoccupations de Bersanti est toutefois celle de prévoir les conséquences d’explosions trop violentes, une crainte tout à fait conforme à celles qui envahissent les esprits scientifiques de l’après-guerre, aux prises avec les premières tentatives maladroites d’expérimentation atomique.

Contexte et réalité

La construction du nouveau brevet est confiée à l’Officine Bauer-Elvetica de Milan, la même qui prendra plus tard le nom d’Officine Breda. Au plus beau moment, mais vraiment au plus beau moment, Eugenio est informé qu’en France on utilise le moteur Lenoir, dont le principe de fonctionnement est très proche de celui des moteurs testés en Italie. Il décide alors de « dégeler » le mémoire déposé à l’Académie Georgofili et de le faire publier (rapport dans lequel les 4 méthodes de transformation du mouvement détonant instantané en mouvement contrôlé uniforme sont scellées). Il a également réalisé un rapport d’essai sur un exemple de moteur d’une puissance de 4 CV, qui a été examiné et validé par une commission de techniciens de l’Institut Lombard. Les premières données empiriques sur la consommation et l’efficacité ont ainsi été connues.

Faits marquants

La même commission d’évaluation effectue une comparaison directe avec le moteur Lenoir, par le biais d’un banc d’essai, et se prononce totalement en faveur du brevet de l’abbé Barsanti, confirmant la réduction considérable de la consommation de gaz par rapport au modèle transalpin. Le succès est vraiment sur le point de triompher lorsque, dans la nuit du 18 au 19 avril 1864, Eugenio est terrassé par une fièvre soudaine et virulente et fait ses adieux à la vie terrestre, assisté de son frère. En 1867, à l’Exposition de Paris, N. Otto et E. Langen remportent le premier prix. Langen remporte le premier prix pour un moteur qui interprète fidèlement les principes de fonctionnement et reproduit de nombreux dispositifs techniques que le père Eugenio avait déjà démontrés. En 1882, Otto a reçu un diplôme honorifique pour « avoir inventé un moteur qui porte son nom ». Eugenio, même s’il est mort à la fin de sa vie, aura certainement réclamé son juste tribut, du haut de cette méritocratie qui l’avait toujours vu en première ligne.

Sous le « signe de la Balance »

Barsanti est né le 12 octobre, à Pietrasanta, Lucca, comme nous l’avons déjà vu : sous le signe de la Balance, deuxième décan, au cœur du mois d’octobre, non loin du 19 avril, date de son décès. L’astrologie nous dit que le signe de la Balance est un signe d’air gouverné par la planète Vénus, unis et « joints » dans leurs « destins » astrologiques par leurs compagnons élémentaires, les Gémeaux et le Verseau, et leur souverain, le Taureau. Je ne peux nier combien j’ai été poussé à sourire en remarquant comment, dans un entrelacement ironique de destins, il est facile de relier l’élément auquel appartient le signe à l’un des composants du mélange détonant : l’hydrogène et l’air, en fait ; oui, l’air, dans son intangibilité insaisissable, collant si concrètement à la vie d’un homme brillant né en Toscane. Qui sait ce qu’il aura pensé lorsque, en proie à l’une des nombreuses défaillances du laboratoire, il aura voulu tout faire sauter… en l’air.

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