L’un et le tout : comprendre les secrets de la nature, de l’univers, de la conscience

Publié le : 26 octobre 202112 mins de lecture

Comprendre les secrets de la nature, de l’univers, de la conscience est l’objectif que s’est fixé tout chercheur sérieux à toutes les époques de l’histoire, essayant, par des études et des analyses toujours plus approfondies, de pénétrer les mystères du monde dans lequel on vit, de rendre compréhensibles les phénomènes dont on est témoins, dans l’espoir de « connaître la pensée même de Dieu ».

La théorie de la relativité d’Einstein

Dans ce but et à cette fin, Einstein, déjà célèbre pour avoir publié la théorie de la relativité (1905), a consacré les dernières années de sa vie à la recherche infructueuse d’une théorie unifiée et complète capable de donner une explication à tout, mais les temps n’étaient pas encore mûrs, on savait très peu de choses sur les forces nucléaires, et en outre Einstein refusait, à tort, car démenti par les recherches théorico-scientifiques suivantes, de croire à la réalité de la mécanique quantique et au principe d’incertitude (Heisenberg, 1927). Célèbre, à cet égard, est sa phrase « Dieu ne joue pas aux dés avec l’univers ».

Aujourd’hui encore, la relativité générale et la mécanique quantique, bien que représentant les deux piliers fondamentaux de la physique, ont des champs d’investigation différents.

La relativité générale ne trouve son application que dans l’infiniment grand, la mécanique quantique que dans l’infiniment petit. Les deux grandes théories de la physique du XXe siècle ne peuvent donc pas être toutes deux justes, elles sont incompatibles entre elles. Cela signifie qu’on se tourne de temps en temps vers la relativité générale ou la mécanique quantique.

L’espoir demeure de trouver une théorie unifiée, cohérente et complète qui englobe toutes les théories partielles qui ne décrivent au contraire qu’une gamme limitée de phénomènes. La principale difficulté pour trouver la grande théorie unifiée est que la relativité générale est une théorie classique, c’est-à-dire qu’elle n’intègre pas le principe d’incertitude, or il semble que ce principe soit une caractéristique fondamentale de l’univers dans lequel on vit ; une théorie unifiée, pour atteindre son but, doit donc nécessairement intégrer ce principe.

Le grand astrophysicien S. Hawking, dans son livre « The Theory of Everything », affirme qu' »une première étape dans la recherche consiste à combiner la relativité générale avec le principe d’incertitude, ce qui peut conduire à des conséquences remarquables comme l’idée que les trous noirs ne sont pas si noirs, que l’univers est enfermé en lui-même et sans frontières, que l’espace vide est en fait plein de particules et d’antiparticules virtuelles ».

La théorie unifiée que recherche la physique, tente de rassembler les grandes forces de la nature pour arriver à comprendre le miracle de la création et la simplicité des lois sur lesquelles elle est fondée, pour révéler les rouages de l’univers et pouvoir le contempler ébahi dans toute sa beauté et son élégance.

L’homme fait également partie de ce scénario, il n’est pas seulement le spectateur passif d’un mécanisme qui lui est extérieur. Il fait partie intégrante de l’ensemble, il n’est peut-être pas qu’un simple observateur des événements et de la réalité du cosmos.

La vision mécaniste de l’univers a été profondément ébranlée par le principe d’indétermination qui, selon l’interprétation de certains chercheurs, démontrerait que l’observateur conditionne l’observé, plaçant l’homme, et plus précisément la conscience de l’homme lui-même, dans une position interactive par rapport au tout.

L’être humain respecte les rythmes biologiques et cosmologiques de son environnement

La recherche de la « grande théorie unifiée » vise à décrire les quatre forces fondamentales (nucléaire forte, nucléaire faible, électromagnétique et gravitationnelle) et toute la matière dans un cadre conceptuel unique et global, au moyen de formules et d’équations de plus en plus complexes.H. Dicke et élaborée en 1986 par J.D. Barrow et F.J. Tipler, selon laquelle « l’explication de la raison pour laquelle l’univers a les propriétés qu’on observe réside dans le fait que, si ces propriétés étaient différentes, il est probable que la vie n’aurait pas émergé et, par conséquent, nous, les humains, ne serions pas là pour observer ces différences. La particularité de la combinaison des forces et des particules dans notre univers est qu’elle permet à la vie de se former. L’existence de la vie, de la vie intelligente en particulier, est une condition préalable nécessaire à la question de savoir pourquoi notre univers a les propriétés qu’il a. » En d’autres termes, les choses dans notre univers sont telles qu’elles sont, car si elles étaient différentes, on ne serait pas là pour les observer. L’être humain fait partie de la nature, de la terre, de l’univers et, à ce titre, il respecte les rythmes biologiques et cosmologiques de son environnement.

Il participe également aux mystérieuses synchronies de la nature : dans le cerveau, des millions de neurones agissent de manière coordonnée pour réguler la respiration, tandis qu’un métronome naturel donne le rythme au cœur ; le corps humain est comme un orchestre dont les musiciens sont les cellules individuelles qui suivent le rythme régulé par leur ADN. Non seulement dans le corps humain mais dans tous les phénomènes naturels, les synchronisations semblent avoir un directeur ou un chorégraphe. Le comportement de certaines espèces de plantes ou d’animaux est significatif en ce sens, voici quelques exemples : en Chine, après un demi-siècle de floraison aléatoire, les bambous de la même espèce fleurissent tous en même temps, les papillons monarques quittent le Canada en masse chaque année, en direction du Nouveau-Mexique, les polypes du récif corallien australien, une nuit de pleine lune en août, sur une distance de deux mille kilomètres, libèrent simul-tanément une nuée de milliards d’œufs.

Sans parler de l’extraordinaire chorégraphie de nage synchronisée de certains poissons qui sont disposés en bancs aux formes les plus bizarres, ou des formations complexes que prennent les volées montrant la capacité de voler et de se déplacer à l’unisson coordonnées par un directeur invisible.

Les électrons d’un supraconducteur se déplacent également de manière synchronisée, ce qui permet à l’électricité de circuler sans rencontrer de résistance. Il semble y avoir un lien imperceptible qui unit toutes les synchronies existantes. « De nombreux organismes se comportent comme des oscillateurs couplés c’est-à-dire des systèmes composés de nombreux éléments liés par une quantité dont la valeur dans une unité du système affecterait toutes les autres. »

Le mathématicien Steven Strogatz, professeur de mathématiques appliquées à la Cornel University et au Massachusetts Institute of Technology, après vingt ans d’études, soutient cette thèse ; les résultats obtenus démontrent donc que l’un fait non seulement partie du tout mais conditionne aussi son fonctionnement global dans un échange d’informations donnant lieu aux manifestations observables. Le mathématicien va même jusqu’à affirmer que certains comportements humains étrangement rythmés pourraient être expliqués par l’étude et l’application de cette nouvelle discipline qui est devenue la « science de l’ordre spontané ».

Les modes ou les mouvements de la pensée seraient guidés par les mêmes lois qui régissent certaines synchronies naturelles. On pourrait donc aussi hasarder l’hypothèse que l’émergence soudaine et presque simultanée de diverses cultures historiques ou de multiples aptitudes humaines, les traits culturels et religieux communs aux civilisations supérieures de l’antiquité, pourraient naître des connexions identifiées par l’interprétation de la « science de l’ordre spontané ».

Les êtres humains sont libres de leurs choix

À la lumière de cette nouvelle clé d’interprétation des événements de la nature, on peut essayer d’étendre le concept d’union et d’interaction de la partie avec le tout à des niveaux plus profonds. Non seulement la matière, tant organique qu’inorganique, répondrait aux synchronisations naturelles, mais aussi l’inconscient et par conséquent la pensée, l’esprit et certains comportements, seraient soumis à cette osmose, créant des synergies incroyables.

Les êtres humains seraient libres de leurs choix, mais connectés les uns aux autres bien plus qu’on ne le pense, engagés dans la danse individuelle de la vie mais inconscients des synchronicités invisibles.

Sachant que la conscience émerge précisément grâce aux connexions neuronales complexes qui sont basées dans le cortex cérébral, on pourrait établir une analogie et en arriver à identifier l’univers à un grand organisme vivant et palpitant, un corps physique, mais aussi un méta-esprit dont les capacités du cerveau représenteraient les neurones.

En effet, de même que dans un corps chaque cellule contribue et participe au fonctionnement de l’organisme, de même, dans l’univers (infiniment grand) comme dans l’atome (infiniment petit), chaque partie interagit avec le tout. Malheureusement, à l’exception des prédictions encourageantes fournies par la théorie des supercordes, selon laquelle la texture microscopique de l’univers est un labyrinthe multidimensionnel complexe dans lequel des cordes unidimensionnelles vibrent sans cesse en rythmant les lois naturelles, en l’absence d’une théorie unifiée, on ne dispose toujours pas d’équations adéquates et compatibles pour les deux réalités. Peut-être, cependant, si on poussait à considérer le Cosmos non seulement comme matière mais aussi comme esprit, compris comme l’essence cachée des choses, le souffle animateur du réel et, avec les activités mentales, en gardant à l’esprit que les éléments atomiques se comportent à la fois comme des particules et comme des ondes, on justifierait aussi les fluctuations quantiques, les ondes de probabilité et l’indéterminisme typique de l’infiniment petit, car, alors que la matière à grande échelle répond à des lois physiques définies et prévisibles, le psychisme présente au contraire des caractéristiques indéfinies et imprévisibles.

De ce point de vue, la recherche de la grande théorie unifiée, réservée au domaine spécifique de la physique, pourrait être élargie à d’autres territoires d’investigation et prendre en charge l’aspect interdisciplinaire, en prêtant également attention à la biologie, l’éthologie, la neurophysiologie, la psychologie, etc.

La science de l’ordre spontané nous a suggéré une nouvelle voie à suivre et une nouvelle approche de l’explication des événements de la nature, à travers l’hypothèse fiable de corrélations et de connexions non seulement physiques mais aussi psychiques.

Le principe d’incertitude nous a donné un indice en nous faisant comprendre qu’aucune propriété de l’univers au niveau microscopique ne peut être déterminée avec précision et que l’observateur interagit avec l’observé.

Sur la base de ces hypothèses, qui représentent les dernières frontières de la recherche scientifique, on peut déduire que l’homme fait partie du tout auquel il participe et, à ce titre, influence probablement les interactions entre les particules élémentaires, les échanges moléculaires et cellulaires, l’inconscient collectif, déjà hypothétisé par Jung.

Pour l’instant, en attendant de nouveaux résultats expérimentaux et un cadre théorique plus complet, on ne peut que nous contenter de la certitude que dans le seul univers qu’on observe, qu’on essaye de comprendre et dans lequel il vous est permis de vivre on détermine, par les choix que vous faites, votre destin et votre histoire.

 

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